12/10 Breuil Bâtiment, une histoire de famille

Il existe deux façons d’appréhender une transmission familiale : annoncer à son fils du jour au lendemain qu’il va reprendre la tête de l’entreprise et se retirer des affaires, ou préparer la succession dans la durée. L’entreprise de construction Breuil Bâtiment, dans la Vienne, a choisi la seconde. Mieux, l’apprentissage des différents métiers de l’entreprise par Thierry Breuil, actuel directeur, s’est fait en quelque sorte sur une vingtaine d’années comme il l’explique lui-même : « J’ai occupé des emplois de manœuvre sur des chantiers, de conducteur de travaux et de commercial notamment. Chez Breuil, on ne conçoit pas de prendre un poste de direction sans connaître tous les échelons. »

En 2003, lors de la succession, ce parcours initiatique lui a procuré le respect de ses salariés, même des plus anciens : « Ils m’ont vu gravir les échelons, je n’étais pas le fils du roi. » Pour les salariés, il était rassurant de savoir que le fils allait reprendre l’activité d’autant que, dans le secteur du bâtiment, près d’une entreprise sur deux disparaît faute de repreneur.

Reste que le fils a dû se démarquer du père. Poser son empreinte sur le fonctionnement de l’entreprise. Un nouveau logo, de nouveaux locaux, Thierry Breuil a par exemple cherché à moderniser l’image de sa société octogénaire. Mais ce n’est pas tout. Le plus important était d’être reconnu comme un vrai leader : « Il m’a fallu imposer ma personnalité dans mes relations d’homme à homme avec les salariés. »

Chez Breuil Bâtiment, le père est devenu président du conseil de surveillance, une structure dépourvue de pouvoirs, mais qui conserve néanmoins un rôle consultatif : «C’est confortable d’avoir son opinion au moment de prendre des décisions importantes», confie Thierry Breuil. Aujourd’hui âgé d’une quarantaine d’années, ce dernier pense déjà à sa propre succession. Thierry Breuil espère bien transmettre l’entreprise à l’un de ses enfants : « La transition familiale est le plus sûr moyen de pérenniser une société. La famille baigne dans l’activité de l’entreprise. On en parle au cours des repas du dimanche ! Durant ma scolarité technique, j’en savais plus que mes petits camarades. » Comme lui, son fils adolescent passe déjà un mois par an sur les chantiers…